CHAPITRE 2

Richie est une installation-vidéo et sonore sur trois écrans mettant en scène la performance d’un être solitaire. Ce personnage éponyme se cache de la tempête et se bat contre les courants d’air. Son corps emballé s’expose comme une surface fragile. Il enchaîne les activités absurdes et fait jaillir des images. L’ennui de la solitude devient le terrain fertile à l’apparition du merveilleux. Richie erre seul dans un espace monochrome brun évoquant aussi bien l’enfermement d’une boîte en carton que le vide des espaces immenses d’un désert.

 

La performance filmée en huis-clos à Marseille en janvier 2020 se nourrit de longues déambulations dans la ville. Dans l’espace du studio nous emballons nos corps et les objets présents dans des feuilles de papier kraft. Le costume prend forme, serré par des cordes. La greffe, le rajout de matière au corps vient déployer la perception de celui-ci rapprochant l’humain du non-humain faisant appel à la métamorphose dans une veine anthropomorphique. Surviennent alors différentes figures : chevalier, animal, rocher, détritus, montagne… A l’image d’un origami punk que le temps de la performance a usiné, le papier ainsi transformé en moule s’offre comme micro-paysage. La caméra devient le témoin et le révélateur de ce processus. 

La bande son composée par le musicien Benoist Bouvot tisse un lien entre le dedans et le dehors de l’action permettant une expansion poétique de cet espace clos. Elle accompagne la structure dramaturgique de l’installation multi-écrans venant jouer avec des références de BO cinématographiques à des sons plateau tel que le froissement du papier ou bien nos propres voix dirigeant la scène lors du tournage. 

 

La vidéo aborde l’esthétique de l’effritement et de la dépouille. Elle met en relief les observations de la ville (Marseille) en mutation ramenées sur un plateau de danse. Le film d’une quinzaine de minutes questionne le spectateur sur ce qu’il regarde. Est-ce l’avènement d’une forme ou sa décomposition ? On assiste à une décrépitude joyeuse où la peau de cet individu se délite, couches après couches laissant émerger de multiples récits.

Trailer de l’installation vidéo

Lien vimeo

©Emma Charrin & Olivier Muller