Nuée

Nous investissons l’ancien bureau de la villa Noailles avec une série d’œuvres, créant un environnement qui utilise les artifices de la lumière et de la théâtralité. D’une installation vidéo et sonore sur trois écrans à l’impression sur textile, en passant par la création d’affiches, l’exposition mêle des œuvres récentes à d’autres réalisées spécialement pour l’exposition.

Dans une tension crépusculaire, où communiquent réel et imaginaire, obscurité et lumière, Nuée s’apparente à une spéculation qui transporte dans une dimension narrative et kaléidoscopique. Le théâtre de nos expérimentations plastiques révèle un espace de récits du bord de l’effondrement où apparaît une communauté de solitudes en quête de transformation. Dans la caverne, ils planent. Le faisceau aveuglant des lumières alerte. Les nappes sonores emplissent l’espace, la fièvre gagne l’ensemble des œuvres. De Richie à Échauffement, les ombres prennent vie.

La vision se décolle ainsi que la peau. Mutations. Cuivre, argent, aluminium, papier. Un chien bleu nous regarde, témoin silencieux des actions humaines, il nous demande ce que nous sommes en train de faire, ce que nous voyons et sentons. Capturé dans un rideau de scène, il pose.

Nuée laisse apparaître plusieurs autres personnages, casqués et vêtus de matériaux détournés. Le scotch et la corde, les plis du papier et des isolants thermiques s’étirent en paysages, en montagnes, en contrastes à explorer.

Convoquer l’absurde. Les protagonistes activent des métascènes, entre espace clos et expansion. Avec Échauffement et Richie, nous fabriquons et détruisons sans relâche les images qui nous obsèdent. Ces deux pièces se sont construites de façon performative par addition de matières aux corps. Emballer, recouvrir, superposer, froisser, plier et déplier, se cacher à l’intérieur, se parer… Les formes se régénèrent avec réciprocité. Ravissement d’une altération infinie, tentatives étranges de matières qui cherchent leurs propres formes.

Le principe de métamorphose, telle une arme, est notre ressource face au flot de changements qui advient. La mutation des formes devient ici une danse, un slow plus exactement, cette danse que l’on fait à la fin d’une fête quand les corps fatigués de trop de fastes et d’excitation se délitent, se donnent au repos. Rester indéterminé, entre deux, entre délitement monstrueux et croissance sublime, rester dans l’interstice des choses qui nous composent pour leurs échapper un peu et danser avec elles. Un slow ?

Nuée propose une expérience kaléidoscopique, un étirement entre l’espace mental du huis clos et de l’illumination qui se déploie vers le ciel.